Intégration Sensorielle®
Selon le modèle de A.J.Ayres (1920-1989)
Dans les années 1960, A.J. Ayres, ergothérapeute (Occupationnal Therapist) américaine (U.S.C) va débuter un parcours de recherche après un cursus de formation en psychologie et neurosciences. Elle s’attachera très vite au lien entre le Système Nerveux Central et les comportements moteurs, cognitifs ou encore socio-émotionnels.
Très vite, ses recherches poseront l’hypothèse selon laquelle nos systèmes sensoriels sont à la base des comportements face aux sollicitations du monde qui nous entoure. Ces systèmes participent de la connaissance, de la perception de notre corps comme un outil pour réguler nos interactions avec les autres et pour agir de manière efficace sur notre environnement.
Ses recherches vont donc chercher à expliquer en quoi les modalités sensorielles impactent notre participation sociale et nos activités du quotidien telles qu’apprendre à :
- se tenir assis
- faire du vélo
- couper sa viande
- communiquer
- écrire,
- interagir avec les autres
- se faire des amis
- se concentrer mais aussi se distraire !
- ………..
J. Ayres a donc élaboré une approche d’intervention neurodéveloppementale appelée « Intégration Sensorielle® » sur la base :
- d’une théorie issue des neurosciences appliquée aux comportements
- d’ évaluations standardisées et d’observations cliniques structurées
- d’un schéma d’intervention reposant sur l’évaluation diagnostic des différents tableaux cliniques repérés.
Cette approche s’intègre au raisonnement clinique des ergothérapeutes au même titre que d’autres approches. En effet, la finalité de ce concept est bien centré sur l’amélioration de la participation aux activités du quotidien, mais cette thérapie se centre sur des facteurs sous-jacents (régulation, sensori-motricité, discrimination, praxies). De ce fait, une évaluation globale en ergothérapie est indispensable pour décider du choix de cette thérapie.
La thérapie offre à l’enfant un environnement riche en expériences sensorielles structurées lui permettant de relever des défis avec réussite au travers d’activités ludiques. Cette thérapie, motivante pour l’enfant, lui permet également de retrouver de l’estime de soi. L’enfant est acteur et s’auto-organise. Il participe ainsi de son propre processus d’autonomisation, et d ‘engagement dans les activités.
L’ergothérapeute formé à ce concept, évalue puis structure l’activité et l’environnement afin de satisfaire les besoins de l’enfant. Son art est conduit par les principes propres à l’Intégration sensorielle tels qu’ils ont été définis par J. Ayres puis affinés par les différentes équipes de recherche.
Aujourd’hui, on retrouve cette approche sous l’appellation « Ayres Sensory Intégration® » (A.S.I). Cette approche relève d’un consensus international qui fait référence aux principes fondamentaux de l’approche, dont on peut mesurer la fidélité dans la pratique clinique (ASIFM). Une formation conséquente (125h) reprenant la théorie, les évaluations et les pratiques d’intervention et de supervision est donc nécessaire pour qu’un ergothérapeute devienne thérapeute A.S.I.
Cette thérapie est indiquée pour les troubles neuro-développementaux, les troubles moteurs à minima, certains syndrômes tels que de syndrôme de Rett, de Down. Une évaluation au préalable est nécessaire. La famille est un partenaire incontournable !
Autres approches basées sur le Sensoriel (S.B.I)
D’autres ergothérapeutes se sont nourris d’une partie de ses théories pour développer eux-mêmes d’autres approches, des techniques ou encore des programmes. Aujourd’hui, on les reconnait sous appellation de S.B.I (Sensory Based Interventions).
Nous pouvons citer à ce titre :
- Le protocole de P. Willbarger y intégrant diète sensorielle et techniques des pressions profondes
- Les vestes lestées et compressives
- La Ball-Thérapy
- Programme « ALERT »
- Aménagement des tâches et de l’environnement
- La mise en place de stratégies
- ….
Ces techniques peuvent être administrées par les familles, les enseignants ou d’autres professionnels après qu’ils soient formés par une ergothérapeute les maitrisant.
Niveaux de preuves
Chaque ergothérapeute décide des approches et méthodes qu’il utilise avec les personnes qu’il accompagne. Aujourd’hui, les thérapeutes utilisent des pratiques fondées sur les preuves (E.B.P), gage d’efficacité auprès de leur public.
De récentes études sur l’approche A.S.I montre des niveaux de preuve importants sur des objectifs individualisés et réalisés par des thérapeutes formés et fidèles aux principes de l’approche.
Les approches basées sur le sensoriel (S.B.I) ont de faibles niveaux de preuve, très souvent en raison de soucis méthodologiques voir de protocole encore peu établis. De ce fait et en l’absence de niveaux de preuves élevés, l’ergothérapeute doit être particulièrement attentif à évaluer les effets positifs attendus et de cesser si des effets négatifs apparaissent. L’accompagnement des familles est donc indispensable.